Journée mondiale de lutte contre la maltraitance envers les personnes aînées et les personnes en situation de vulnérabilité
Chaque année, le 15 juin est une excellente opportunité pour lutter contre la maltraitance envers les personnes aînées et les personnes en situation de vulnérabilité et, bien évidemment, faire la promotion de la bientraitance.
Voici quelques outils utiles et suggestions d'activités afin de sensibiliser employés, proches et familles le public à cette problématique et encourager les gens à adopter des comportements bientraitants et des informations sur la maltraitance et de gestes à poser pour la bientraitance.
- Porter du mauve durant la journée du 15 juin.
- Participer aux activités organisées par le CHSLD où vous travaillez ou où votre proche réside.
- Organiser un repas ou distribuer une collation avec des aliments mauves (raison, aubergine, bleuets, figues, mûres, prunes, cupcakes avec glaçage mauve, etc.).
- Décorer avec des objets mauves : fleurs, banderoles, napperons, nappes, etc.
- Aller marcher avec le résident (familles comme employés).
- Poser des gestes simples : un appel, une visite, un petit plat cuisiné, une carte, une fleur, etc.
- Pratiquer une activité intergénérationnelle : jardinage, lecture, atelier créatif, cuisine, nouvelle technologie, photos drôles, jeux de société, marche, etc.
- Faire des activités de réminiscence : regarder des photos, peindre, dessiner, etc.
- Prendre le temps de faire une activité spéciale avec un ou des résidents.
Reconnaître la maltraitance
Il y a maltraitance quand une attitude, une parole, un geste ou un défaut d’action appropriée, singulier ou répétitif, se produit dans une relation avec une personne, une collectivité ou une organisation où il devrait y avoir de la confiance, et que cela cause, intentionnellement ou non, du tort ou de la détresse chez une personne adulte.
Les situations de maltraitance vécues par une personne aînée peuvent être de sept types :
Maltraitance psychologique
La maltraitance psychologique désigne les attitudes, les paroles, les gestes ou le défaut d’actions appropriées qui constituent une atteinte au bien-être ou à l’intégrité psychologique, par exemple :
- le chantage affectif
- la manipulation
- l’humiliation
- les insultes
- l’infantilisation
- les menaces verbales et non verbales
- la privation de pouvoir
- la surveillance exagérée des activités
- les propos réducteurs, xénophobes, sexistes, homophobes, biphobes, transphobes, etc.
- le rejet
- l’indifférence
- le désintéressement
- l’insensibilité
La maltraitance psychologique est la plus fréquente et la moins visible.
- Elle accompagne souvent les autres types de maltraitance.
- Elle peut avoir des conséquences tout aussi importantes que les autres types de maltraitance.
Maltraitance physique
La maltraitance physique désigne les attitudes, les paroles, les gestes ou le défaut d’actions qui portent atteinte au bien-être ou à l'intégrité physique, par exemple :
- une bousculade
- une brutalité
- un coup
- une brûlure
- l’alimentation forcée
- l’administration inadéquate de la médication
- l’utilisation inappropriée de contentions (physiques ou chimiques)
- la privation des conditions raisonnables de confort, de sécurité, ou de logement
- le fait de ne pas aider une personne en situation de dépendance dont on est responsable à s’alimenter, à s’habiller, à se laver ou à prendre ses médicaments
Certains indices de maltraitance physique peuvent être confondus avec des symptômes découlant de certains problèmes de santé. Dans ce cas, il est préférable de demander une évaluation de la santé physique ou psychologique de la personne aînée.
Maltraitance sexuelle
La maltraitance sexuelle désigne les attitudes, les paroles, les gestes ou le défaut d’actions appropriées à connotation sexuelle non consentis qui portent atteinte au bien-être et à l'intégrité sexuelle, par exemple :
- les attitudes et les propos suggestifs
- les blagues à caractère sexuel
- une promiscuité inappropriée
- les comportements exhibitionnistes
- les agressions à caractère sexuel (attouchements non désirés, relation sexuelle imposée)
- la privation d'intimité
- le fait de traiter la personne aînée comme un être asexuel ou l’empêcher d’exprimer sa sexualité
L’agression à caractère sexuel est avant tout un acte de domination. Les troubles cognitifs peuvent entraîner une désinhibition se traduisant par des gestes sexuels inadéquats. Ne pas reconnaître, se moquer ou empêcher une personne aînée d’exprimer sa sexualité représente de la maltraitance et peut nuire au repérage et au signalement de celle-ci. L’attirance sexuelle pathologique envers les personnes aînées (gérontophilie) doit aussi être repérée.
Maltraitance matérielle ou financière
La maltraitance matérielle ou financière désigne l’obtention ou l’utilisation frauduleuse, illégale, non autorisée ou malhonnête des biens ou des documents légaux de la personne, ainsi que la dissimulation d'information ou la mésinformation financière ou légale, par exemple :
- une pression à modifier un testament
- les transactions bancaires sans consentement (utilisation d'une carte bancaire, transactions électroniques)
- le détournement de fonds ou de biens
- un prix excessif demandé pour des services rendus
- une transaction contractuelle ou assurantielle forcée ou dissimulée
- l’usurpation d’identité
- la signature d’un bail sous pression
- ne pas gérer les biens dans l’intérêt de la personne ou ne pas lui fournir les biens nécessaires
- ne pas s’interroger sur l’aptitude d’une personne, sa compréhension ou sa littéracie financière
Les personnes aînées qui présentent une forme de dépendance envers quelqu’un, qu’elle soit physique, émotive, sociale ou d’affaires, sont plus à risque de subir ce type de maltraitance. Au-delà de l’aspect financier ou matériel, les conséquences peuvent toucher la santé physique ou psychologique de la personne aînée en influençant sa capacité à assumer ses responsabilités ou à combler ses besoins.
Maltraitance organisationnelle
La maltraitance organisationnelle désigne toute situation préjudiciable créée ou tolérée par les pratiques ou les procédures d’organisations (privées, publiques ou communautaires) responsables d'offrir différents soins ou services aux personnes aînées, par exemple :
- des conditions ou des pratiques organisationnelles qui excluent les personnes aînées des prises de décision qui les concernent, qui ne respectent pas leurs choix ou qui limitent de façon injustifiée l’accès à des programmes d’aide, etc.
- une offre de soins ou de services inadaptée aux besoins des personnes
- l’absence de directives ou une mauvaise compréhension de la part du personnel
- une procédure administrative complexe
- la formation inadéquate du personnel
- un personnel non mobilisé
La maltraitance organisationnelle ne se limite pas seulement au réseau de la santé et des services sociaux. Il faut demeurer attentif à l’égard des lacunes des organisations de tout genre qui peuvent brimer à tout moment les droits individuels et collectifs des personnes aînées. Ces lacunes peuvent également nuire au travail du personnel chargé d’offrir des soins ou des services aux personnes aînées.
Âgisme
L’âgisme désigne la discrimination en raison de l'âge, par des attitudes hostiles ou négatives, des gestes préjudiciables ou de l'exclusion sociale, par exemple :
- des restrictions ou des normes sociales imposées en raison de l'âge
- l'accessibilité réduite à certaines ressources ou à certains services
- les préjugés
- l’infantilisation
- le mépris
- l’indifférence à l'égard des pratiques ou des propos âgistes lorsqu’on en est témoin
Violation des droits
La violation des droits désigne toute atteinte aux droits et libertés, individuels et sociaux, par exemple :
- un traitement médical imposé
- le déni du droit de :
- choisir
- voter
- avoir son intimité
- être informé
- prendre des risques ou des décisions
- recevoir des appels téléphoniques ou de la visite
- pratiquer sa religion ou sa spiritualité
- exprimer son orientation sexuelle.
- le fait de ne pas informer ou de mal informer sur les droits de la personne
- le fait de ne pas assister la personne dans l'exercice de ses droits
- des capacités non reconnues
- le refus d’offrir des soins ou des services
Tous les types de maltraitance touchent la violation de droits. Il faut se rappeler que, quel que soit son âge, toute personne conserve pleinement ses droits. Seul un juge peut déclarer une personne inapte et nommer un représentant légal. Par ailleurs, la personne inapte conserve tout de même ses droits, qu’elle peut exercer dans la mesure de ses capacités.
Qu'est-ce que la bientraitance?
« La bientraitance vise le bien-être, le respect de la dignité, l’épanouissement, l’estime de soi, l’inclusion et la sécurité de la personne. Elle s’exprime par des attentions, des attitudes, des actions et des pratiques respectueuses des valeurs, de la culture, des croyances, du parcours de vie, de la singularité et des droits et libertés de la personne aînée » (1).
Il existe plusieurs conditions favorisant la bientraitance envers les personnes aînées. La plus déterminante consiste à placer la personne au centre des actions. En d’autres termes, il faut chercher à valider et à comprendre ses désirs, ses habitudes, ses attentes et ses besoins. Ultimement, la personne aînée doit juger si l’action accomplie ou suggérée lui convient. Ce qu’il faut retenir :
- consulter systématiquement la personne aînée pour toute question ou pour tout choix la concernant,
- ne jamais présumer de ce que cette dernière souhaite ou préfère,
- discuter avec la personne aînée de son parcours de vie, afin de mieux la connaître,
- considérer la personne aînée dans sa globalité (ne pas s’arrêter à son âge ou à sa condition de santé).
- Favoriser l’inclusion et la participation sociales pour apporter du bien-être aux personnes aînées qui souhaitent briser leur isolement et contribuer à la société.
Gestes de bientraitance
Ces attitudes et ces gestes sont les conditions pour assurer la bientraitance, respecter les droits et prévenir la maltraitance des personnes aînées. Vous pouvez les adopter dans tous les contextes où vous interagissez avec elles. (2)
Attitudes
- Placer la personne au centre des actions que l’on pose
- Favoriser l’autodétermination et l’empowerment de la personne
- Respecter la personne et sa dignité
- Favoriser l’inclusion et la participation sociale de la personne pour contrer son isolement
- Déployer des actions et des interventions alliant compétences (savoir-faire) et jugement (savoir-être)
- Favoriser la concertation entre les proches et le personnel soignant pour offrir un soutien adapté aux besoins de la personne
Gestes
Frapper avant d'entrer!
Annoncer sa venue avant de se présenter dans la chambre d’une personne, c’est respecter son droit à la dignité et à la vie privée. On doit aussi obtenir son accord pour entrer chez elle quand elle n’y est pas, car la demeure est inviolable. Ce sont des gestes essentiels pour qu’elle se sente considérée, en sûreté et qu’elle maintienne son estime personnelle.
Expliquer les règlements et les frais chargés pour des services
Prendre le temps d’informer le résident ou son représentant ou sa famille des règlements et des frais qui s’appliquent à sa situation, c’est respecter son droit à la dignité. Il est important de s’assurer que les personnes comprennent toute l’information qui les concernent et de leur fournir de l’assistance, au besoin, pour favoriser cette compréhension.
Laisser la personne choisir et organiser son milieu de vie
Choisir et aménager soi-même son milieu de vie (chambre), selon ses préférences, ses valeurs, ses habitudes de vie ou sa culture. Ce geste permet de respecter la liberté, la dignité et les convictions religieuses de la personne. Il lui permet aussi d'exercer son droit à la jouissance paisible et à la libre disposition de ses biens. Dans le cas où un résident n'est pas apte, sa famille ou son représentant peut aider.
Consulter la personne et respecter ses choix lorsqu’on lui rend service
Pour placer l’intérêt de la personne au centre des actions que l'on pose, on doit la consulter pour connaître ses préférences et adapter les services et les soins qu’on lui donne selon ses besoins. Par exemple, on peut se renseigner auprès d’elle pour connaître ses besoins et préférences quant aux repas, aux soins d’hygiène ou à notre horaire de travail ou de visite. Ce geste assure le respect de sa liberté d’expression : la personne a le droit de choisir, de s’exprimer et de refuser des soins, par exemple.
Visiter un proche ou une connaissance et/ou l’encourager à s’impliquer
On peut apporter du bien-être à une personne en situation de vulnérabilité et éviter qu’elle se sente isolée en allant lui rendre visite, en l’écoutant, en l’amenant prendre un café ou en l’accompagnant chez le coiffeur, par exemple. On peut aussi l’encourager à s’impliquer (et à contribuer de son expertise) dans des activités sociales des loisirs. Ces gestes favorisent son inclusion sociale et assure notamment son droit à la dignité.
Comprendre la maladie de la personne et ses effets
Au-delà d’avoir les compétences (le savoir-faire) pour rendre des soins, s’intéresser à l’histoire médicale de la personne et à la façon dont elle vit la maladie permet d’adapter son approche pour mieux s’en occuper. Par exemple, en évitant de donner de la médication qui n’est pas prescrite ou non essentielle. Ce geste respecte son droit à la vie, à la sûreté et à l’intégrité.
(2) source : Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse